La situation des EHPAD dans le secteur public et plus particulièrement dans le secteur privé lucratif est très alarmante. Les salarié-e-s et agent-e-s du secteur témoignent toutes et tous depuis des années de leur grande détresse, devant le manque énorme de moyens, de personnels et cela a été exacerbé face à l’épidémie de COVID 19.
Cette épidémie qui a tué des milliers de résidents n’est pas une fatalité, les actionnaires des EHPAD privés lucratifs, ce gouvernement et les précédents, en sont responsables.
Il y a une pénurie de matériel de protections et bien souvent inadapté pour les agents, un manque de personnel, aucune anticipation des directions et des procédures de protection mises en place avec toujours un temps de retard.
Conséquence dans le Gard : on a connu au moins 40 décès à l’EHPAD de Serre-cavalier à Nîmes, 7 à celui de Bagnols sur Cèze, 6 à Beauvoisin et nous n’avons pas réussi à avoir les chiffres des autres établissements gardois. La réalité a été dissimulée dans le Gard et en France car beaucoup de personnes âgées décédées qui présentaient des symptômes n’ont jamais été testées pour le COVID 19 par manque de tests et une volonté de nos dirigeants de minimiser leur manquement et incompétence à gérer la crise sanitaire. …
Ce gouvernement aura des comptes à rendre.
Nos gouvernants ont tous très vite oublié les conséquences et les promesses faites suite à la canicule de 2003 qui a tué 19 480 personnes âgées. Pour rappel en 2003, nous avions en Maisons de Retraite un ratio personnel/résident d’environs 0,82 et, suite à cette tragédie, un plan grand âge avait été décidé pour le porter à 1 personnel par résident au plus tard en 2010.
Où en sommes-nous aujourd’hui ? Ce ratio a baissé et il est d’environ 0,59 dans le public tout personnel confondu (Direction, administratifs, cuisiniers, blanchisseurs, soignants…) et de 0,50 dans le privé lucratif alors que nos aîné-es entrent en institution beaucoup plus dépendants qu’en 2003. Pour information en Suisse, au Danemark… le ratio est de 1,2 soit le double de chez nous…
Il faut savoir que dans les établissements privés lucratifs des groupes Korian, Orpéa, Opalines… le prix de journée est supérieur de 30% aux établissements publics pour un ratio personnel/résidents bien inférieur ; il faut bien rémunérer les actionnaires !!!
Les personnels soignants en temps normal n’ont que 13 minutes par jour et par résident à leur accorder pour les laver, les lever, les coucher, donner les repas, les choyer …
C’est ce que nous appelons et dénonçons comme de la maltraitance institutionnelle due au manque de personnel.
Pour la CGT le plan grand âge doit être appliqué en urgence pour porter le ratio résident/personnel à 1 pour 1 et même un peu plus, suivant le niveau de dépendance. Il est urgent de créer 200 000 emplois dans nos établissements, comme il est nécessaire que tous nos EHPAD soient publics, nous ne devons plus accepter que le monde de la finance s’enrichisse en maltraitant nos aînés.
Les luttes menées par les personnels n’ont pas permis à ce jour d’obtenir plus d’agents mais elles ont contraint le gouvernement à verser quelques primes à quelques catégories en oubliant la majorité des salariés.
Aux primes qui divisent nous demandons une augmentation immédiate de 300 euros de salaires pour toutes les catégories de personnels avec une revalorisation de l’ensemble de leurs déroulements de carrières.
Aujourd’hui, plus que jamais, ces propositions prennent toutes leurs sens.
Aujourd’hui, cette hécatombe est la faute du gouvernement et des groupes privés du secteur lucratif qui sont responsables des sous effectifs chroniques et qui n’ont pas fourni les moyens de protection à leurs salariés !
Et pas par la faute des professionnels qui ont fait leur maximum, avec souvent trop peu de moyens !
Toute la nation devra analyser ce qui s’est passé, ce que l’on aurait pu éviter, les vies que nous aurions pu sauver et les décisionnaires auront des comptes à rendre. De même que le programme « des jours heureux » s’est construit, entre autres, avec la CGT pendant la guerre, c’est dans les conditions actuelles qu’il faut penser et bâtir une autre société, une société de progrès social pour tous les âges, solidaire, fraternelle, intergénérationnelle.
C’est le moment venu, pour que toute la CGT du Gard et de France, avec les salariés prennent leurs responsabilités en étant force de propositions comme depuis toujours, pour que l’on ne revive plus jamais cela.
Gagnons ensemble que nos aînés-es qui ont contribué à créer les richesses de la nation puissent être enfin soignés décemment avec des personnels en nombre et payés correctement.
La Coordination de l’Union Syndicale Départementale du Gard CGT Santé/Action Social