Monsieur le Préfet du Gard,
Assisterait-on dans le Gard à un véritable scandale « d’esclavagisme moderne » dans l’agriculture ?
En effet, la sulfureuse société espagnole « Terra Fecundis » qui recrute dans les régions du sud de la France (PACA – Occitanie notamment) des salariés étrangers et saisonniers, a des pratiques pour le moins scandaleuses à l’encontre de ses travailleurs de l’agriculture qui n’a d’autre ressemblance que de l’esclavagisme moderne.
Depuis que le gouvernement a autorisé le retour des travailleurs agricoles étrangers en pleine pandémie de COVID 19, il a ouvert les frontières françaises à des personnes précaires et fragiles qui ont besoin comme tout le monde de gagner leur vie.
Cependant, cette mesure permet aux exploitants agricoles d’exploiter, et le mot est faible, des salariés détachés à moindre coût, salaire horaire « au ras des pâquerettes » et se situant dans une fourchette de 5 euros de l’heure.
De même, ces salariés vivent dans des conditions inacceptables dans un monde moderne, à savoir entassés dans des caravanes en camping ou dans des bâtiments préfabriqués. Entassés à plusieurs, sans protections, sans véritables mesures de distanciation physique, ni de matériel de désinfection, les employeurs les laissent vivre et travailler dans des conditions inacceptables.
Y aurait-il des sous travailleurs en France qui ne mériteraient aucune protection, attention ni respect de leurs conditions de vie et de travail uniquement pour satisfaire l’appétit financier de « Terra Fecundis » (l’agent recruteur d’esclaves) et l’appétit financier des exploitants agricoles qui ferment les yeux à cette dégradation humaine.
De même, il en va de la responsabilité des maires dans les communes où sont regroupés les salariés étrangers agricoles, le préfet, garant des mesures sanitaires et du respect de la loi, les députés, élus de la république qui ne daignent pas s’intéresser au sort de ces esclaves modernes.
Nous estimons que tous devront prendre des mesures afin de faire cesser ces pratiques d’un autre âge. Cette situation dénoncée par la CGT dans les Bouches du Rhône où sévit l’entreprise Terra Fecundis, tout comme dans le Vaucluse, et aujourd’hui dans le Gard a montré que les salariés saisonniers sont confrontés à l’épidémie de COVID19. En effet, un dépistage a été initié auprès de ces salariés et les résultats, sans contestation par l’ARS, indiquent un nombre important de personnes infectées et positives au coronavirus, dont certaines ont dû être hospitalisées.
Un article dans la presse (la Provence) a indiqué la semaine dernière des cas avérés de Covid19 dans des entreprises agricoles dans le Gard autour des communes notamment de Beauvoisin, Bellegarde, St-Gilles et Vauvert. Les exploitants agricoles ont été informés d’une campagne de dépistage sous la coordination de l’ARS avec les laboratoires biologiques appuyés par le Sdis 30. Cette campagne a révélé un résultat positif au COVID19 de 9 premiers cas de saisonniers et contraint les employeurs à appliquer des mesures sanitaires.
Nous rappelons, que « Terra Fecundis » fait l’objet d’enquête de la Direccte du Gard, (et en PACA) sur les pratiques pour le moins douteuses de recrutement de saisonniers dont l’affaire est portée en justice, dossier en correctionnelle. D’après nos informations entre le Gard, le Vaucluse et les Bouches du Rhône, le nombre de cas positif s’élèverait aujourd’hui à plus de cent cinquante personnes laissées à l’abandon et sans prise en compte de leur situation sociale.
Nous vous interpellons afin que vous preniez vos responsabilités et interveniez auprès de cette entreprise « Terra Fecundis » au travers d’une demande d’enquête de l’Inspection Générale des Affaires Sanitaire (IGAS) afin qu’elle se mette en conformité avec les lois françaises en matière d’emploi, de salaires, de conditions de vie et de travail ainsi que le respect des êtres humain. De même, il nous semble de votre responsabilité est d’intervenir auprès des exploitants agricoles qui utilisent ce salariat afin qu’eux aussi soient en conformité avec la loi.
Nous demandons une enquête publique sur cette situation en associant les services de contrôles URSSAF, CARSAT, Finance Publique, DIRECCTE, ARS, (Médecine du travail) afin que ces travailleurs retrouvent leur dignité et leurs droits.
Vous comprendrez que cette situation ne peut être évacuée sans une attention particulière de votre part et pour cela, notre organisation syndicale est disponible pour toute rencontre afin d’échanger pour trouver les moyens d’assurer la sécurité et le respect du droit de ces salariés.
En l’attente, veuillez agréer, Monsieur le Préfet, nos respectueuses salutations.
Simon GEVAUDAN
Secrétaire Général de l’Union Départementale Cgt du Gard