L’Ugict-CGT publie une enquête inédite qui offre le seul panorama complet sur les conditions de travail et d’exercice de la responsabilité professionnelle durant le confinement :
- 34 000 réponses de tous statuts et secteurs professionnels dont une majorité de non syndiqué·es, recueillies en ligne entre le 8 et le 24 avril
- 100 questions pour appréhender l’ensemble des situations, télétravail, travail en présentiel ou arrêt d’activité
- Un angle spécifique aux salarié·es en responsabilité pour recueillir la vision de l’encadrement
- Une enquête construite et analysée avec les statisticien·nes professionnel·le.s de la Dares et de la Drees du syndicat CGT des ministères sociaux pour garantir une démarche scientifique rigoureuse.
Cette enquête fait ressortir :
- La diversité du vécu des salarié·es en fonction de leur catégorie : le travail sur site concerne majoritairement les ouvriers/employés (61%) tandis que 70% télétravailleur·ses sont cadres et professions intermédiaires
- Les risques majeurs auxquels sont exposé·es les salarié·es qui continuent à travailler sur site. Une large majorité sont en contact avec du public et/ou avec de nombreux collègues et/ou avec des surfaces souillées, avec des facteurs de risque qui concernent davantage les ouvriers/employés et les femmes. Pourtant, 13% des salarié·es qui ont continué à travailler en présentiel sont des personnes vulnérables et 26% cohabitent avec des personnes vulnérables
- L’insuffisance flagrante des mesures de protection : seul·es 21% des salarié·es considèrent que les mesures de prévention sont totalement suffisantes pour les protéger. Dans le détail, 40% des salarié·es disent n’avoir pas eu suffisamment de masques ou de gants, 63% qu’il n’y avait pas de mesure d’éloignement immédiat pour toute personne malade et collègue en contact, 93% qu’il n’y avait pas d’alternative à l’utilisation des transports en commun
- Alors que nombreux sont ceux qui l’ont payé de leur vie, ces risques auraient pu être limités : 3 salarié·es sur 10 considèrent que leur activité n’est pas ou peu essentielle, 10% qu’elle aurait pu s’exercer en télétravail.
- La mise en place d’un télétravail “en mode dégradé” : un tiers des télétravailleurs n’ont pas été dotés par leur employeur en équipement informatique, près de 80% ne disposent pas de droit à la déconnexion, 97% n’ont pas d’équipement de travail ergonomique, un quart n’ont pas d’endroit ou s’isoler et un tiers, notamment les femmes, doit télétravailler tout en gardant les enfants.
- …Qui génère d’importants risques psychosociaux : 35% des télétravailleurs se plaignent d’une anxiété inhabituelle et près de la moitié de douleurs physiques
- Une augmentation du temps et de la charge de travail, notamment pour 40% des encadrant·es
- Un bilan confirmé par l’encadrement : interrogé sur les mesures mises en place par les employeurs, les encadrant·es ont confirmé les tendances données par les salarié·es directement concernés. 55% considèrent que la poursuite d’activité en présentiel constitue un risque de contamination des salarié·es et de la population, 3 sur 10 que les activités en présentiel pourraient être limitées. Ainsi, près de 30% indiquent que s’ils avaient disposé d’un droit d’alerte, de refus et de proposition alternative relatif à la situation sanitaire ou aux normes professionnelles, ils auraient été amenés à l’exercer depuis le début de la crise !
- La surexposition des femmes : davantage exposées aux risques car occupant les métiers en contact avec le public, 36% des femmes ont subi une hausse de la charge de travail (contre 29% des hommes) alors que la fermeture des écoles s’est traduite pour 43% d’entre elles par plus de 4h de tâches domestiques supplémentaires. Le confinement a été facteur de tensions pour 20% des couples, et de violence pour 2% des répondant·es
- Les salarié·es ont déjà payé la crise : 55% des cadres ont ou vont perdre des jours de RTT, 57% des salarié·es en chômage partiel ont perdu des revenus, un tiers des salarié·es du privé considèrent que leur emploi est menacé
- Un rôle clé joué par les représentant·es du personnel malgré le manque de moyens mis à leur disposition.
Cette enquête démontre l’urgence de changer de braquet pour réussir le déconfinement.
Protéger/tester/isoler…pour de vrai : Pas question que l’encadrement soit, comme aujourd’hui, sommé d’assurer la reprise de l’activité sans moyens et de se « débrouiller » quant aux mesures de sécurité ! Notre enquête démontre à quel point le “Protéger/Tester/Isoler” du premier ministre n’a pas été respecté durant le confinement, ce qui explique que le nombre de contamination ait continué à grimper…
Des négociations dans toutes les entreprises pour réguler le télétravail et faire appliquer le droit : prise en charge de tous les équipements et frais de connexion par les employeurs, droit à la déconnexion et respect du temps de travail, prévention des violences et protection des victimes
Le droit à un arrêt rémunéré à 100% pour tous les parents d’enfants de moins de 16 ans, y compris les télétravailleur·ses.
Un droit d’alerte suspensif, d’information et d’alternative pour permettre à l’encadrement d’exercer pleinement ses responsabilités et le renforcement des moyens des syndicats et représentant·es du personnel
Des mesures immédiates contre la crise économique et sociale : abandon des réformes de l’assurance chômage et des retraites, protection de nos entreprises contre les faillites
[Préambule] TrePid : une enquête pour le bien public ?
Pour la première fois, une enquête quantitative rigoureuse à l’initiative d’une organisation syndicale a été menée : “Le travail sous épidémie (TrEpid) : une enquête nationale” par l’Ugict-CGT et les statisticiennes et statisticiens CGT de la DARES et de la DREES (…) tout du long des étapes, elle a respecté autant que possible les règles et usages méthodologiques de la profession grâce au pilotage des statisticien·nes
Avec 34 000 réponses, elle offre le seul matériau d’études qui interroge les conditions de travail au cœur de la crise sanitaire que nous vivons.
1/ Une grande diversité de situations pendant le confinement
- Situation principale actuelle selon la PCS des répondant·es
- Situation principale actuelle selon le statut d’emploi des répondant·es
- Situation principale actuelle selon le genre des répondant·es
- Situation principale actuelle selon le type d’emploi des répondant·es
- Situation principale actuelle des salarié.es du secteur privé selon le type d’entreprise
2/ Les salarié·es déjà durement impactés par la crise
- 2.1 – 55 % des cadres ont perdu ou vont perdre des congés
- 2.2 – Chantage à l’emploi : ça commence !
- 2.3 – 56 % des salarié·es en chômage partiel ont perdu des revenus
- 2.4 – Des conditions de travail dégradées par le confinement et le risque sanitaire
- 2.5 – Pour les femmes, la double peine
- 2.6 – Généralisation du non-respect du droit
3/ Un travail sur site sans mesures de protections suffisantes
- 3.1 – À propos du travail sur site
- 3.2 – Des facteurs de risque très importants
- 3.3 – Des mesures de prévention très insuffisantes
- 3.4 – Des risques de contamination qui pourraient être évités
- 3.5 – Une charge émotionnelle qui s’ajoute aux risques sanitaires
4/ Un télétravail en mode dégradé
- 4.1 – Le télétravail concerne d’abord les cadres
- 4.2 – De mauvaises conditions de travail
- 4.3 – Un cocktail de risques psycho-sociaux inquiétant
- 4.4 – Une dégradation de la santé physique et mentale
- 4.5 – Manager des équipes en télétravail, un exercice très difficile
- [FOCUS Énergie] Le télétravail dans les très grandes entreprises
- [FOCUS] Le télétravail dans l’Éducation nationale
5/ L’encadrement, critique des mesures mises en place par les employeurs
- 5.1 – Une vision qui confirme celle des salarié·es individuellement concerné·es
- 5.2 – Le besoin de se faire entendre
- 5.3 – Responsabilité juridique de l’encadrement : une méconnaissance qui interroge
6/ Les représentant·es du personnel : un rôle central notamment en période de crise
- 6.1 – Un rôle central pour les institutions représentatives du personnel
- 6.2 – Un éloignement avec les salarié·es qui complique leur rôle
- 6.3 – Une vision très critique des mesures de prévention et de protection prises par l’employeur
- 6.4 Un débat contradictoire avec la direction
Conclusions : 60 propositions pour sortir durablement de la crise sanitaire, sociale, économique et environnementale
La santé des salarié·es doit être garantie
- Axe 1 – Renforcer le rôle des institutions représentatives du personnel et des organismes de contrôle (inspection du travail, médecine du travail…)
- Axe 2 – Pas de protection, pas de travail
- Axe 3 – En finir avec le télétravail en « mode dégradé »
- Axe 4 – Permettre à l’encadrement d’exercer pleinement ses responsabilités
- Axe 5- Réduire le temps effectif de travail pour protéger les équipes et sécuriser l’activité
- Axe 6 – En finir avec les organisations de travail pathogènes
Des mesures contre la crise économique et sociale
- Axe 7 – Des mesures immédiates contre la crise sociale
- Axe 8 – Protéger notre économie et engager dès maintenant sa transformation
- Axe 9 – Relancer l’économie par des investissements d’avenir dans les services publics, l’économie des soins, la transition environnementale, la recherche et les qualifications
Annexe méthodologique, par la CGT Dares
- Contexte
- Objectifs
- Gestion et passation
- Thèmes du questionnaire
- Modalités de l’enquête
- Méthode de redressement et correction des biais
- En bref
VERBATIM
- témoignages anonymes extraits des champs libres