La crue de 1958 a vu dans le Gard le lancement d’un vaste programme de protection contre les inondations qui s’est traduit notamment par la réalisation de 5 barrages écrêteurs de crues dont le premier a vu ses travaux débuter en 1964 (Sainte Cécile d’Andorge sur le Gardon d’Alès) tandis que la construction du dernier (Sénéchas sur la Cèze) s’est achevée en 1977.
Jusqu’en 2007 ce sont les personnels de la DDE qui exploitaient les barrages pour le compte du Département. En parallèle du transfert des routes nationales au Département, ce dernier s’est vu restituer la responsabilité de l’exploitation des barrages dont il était propriétaire. L’exécutif départemental a souhaité à l’époque que cette exploitation soit assurée en régie s’appuyant pour une bonne part sur l’expérience et les qualifications des personnels de la DDE qui ont à ce moment là été transférés au Département au sein du service eau et rivière de la direction du développement rural.
Le barrage de Ceyrac en crue
Ce fut un choix « noble » à nos yeux car nombres de départements gestionnaires de barrages comme les Pyrénées Orientales par exemple avaient coutume de déléguer l’exploitation de leurs ouvrages à des opérateurs privés plutôt que de confier cette mission de service public à des techniciens territoriaux sous statut.
Et puis la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (MATPAM) de 2014 est venue attribuer au bloc communal une compétence exclusive et obligatoire relative à la gestion de l’eau, des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI). Ce qui rendait impossible, pour le Département, la poursuite, à compter du 1er janvier 2018 de son activité d’exploitation de barrage écrêteur de crue.
Dans le même temps, les processus de réorganisation en cours au Département semblaient tendre vers une disparition progressive de l’activité barrage illustrée par le nouveau nom du service hébergeant cette mission : Service Connaissance Appui Eau et Milieux au sein de la nouvelle Direction de l’Eau et de la Valorisation du Patrimoine Naturel :
Recherche rivière et / ou barrage désespérément…
Travaux mur rive droite aval - Sénéchas 2009
Et puis deux évènements sont venus infléchir ce sombre scénario :
- La loi n°2017-1838 du 30 décembre 2017 autorise les départements qui exerçaient la fonction de gestionnaire de barrages de prévention des inondation avant le 1er janvier 2018 à continuer à le faire,
- Après des années de réticence le Ministère de la transition écologique et solidaire a enfin accepté que la solution innovante de sécurisation du barrage de Sainte Cécile proposée par le Conseil Départemental puisse être mise en œuvre.
Il en a résulté
- d’une part une reconnaissance des métiers assumées par les agents du département tant de la part de l’exécutif départemental que des exécutifs gardois en charge de la GEMAPI qui ont déjà fort à faire avec les digues de protections contre les inondations,
- d’autre part une délibération lors de la réunion de l’Assemblée Départementale du 5 mai 2018 qui stipule dans son article 1 : Le maintien et le développement d’un service de gestion des barrages par conventionnement avec le détenteur de la compétence GEMAPI.
Et voici que dans le dernier numéro hors série du Gard Mag 3.0 sortie début juin le Président du Conseil Départemental annonce
Le Département vient de créer un service public de gestion des barrages écrêteurs de crues […] . La technicité acquise dans la gestion de ces ouvrages et les investissements conséquents à prévoir (13 millions d’euros pour la seule sécurisation du barrage de Sainte-Cécile-d’Andorge) conduisent le Département, au titre de la solidarité territoriale et en accord avec les EPCI concernés, à poursuivre de manière volontariste cette mission majeure pour la sécurité des Gardoises et des Gardois.
Barrage de la Rouvière 2013 - Démolition passerelle
Alors nous n’avons pas peur de le dire, à cette décision du Président, votre syndicat CGT(1) répond 3 fois OUI :
- OUI à la création du service public de gestion des barrages écrêteurs de crue (ça change de la privatisation des concessions hydroélectriques…),
- OUI à la réalisation de ces missions par du personnel sous statut avec des qualifications techniques reconnues,
- OUI à la lisibilité de cette mission dans l’organigramme des services du Département.
(1) : bien que l'on nous accuse bien trop souvent de n'être jamais d'accord et de nous opposer à tout.