Un réalisateur suisse apprend avec stupéfaction que la ligne ferroviaire qu’il empruntait enfant pour rejoindre sa maison de vacances, dans les Cévennes, a été fermée.
Il fait le pari de refaire le même voyage en empruntant uniquement les lignes de train autres que les lignes de TGV.
Il part de son village natal, en Suisse et emprunte avec une facilité déconcertante une ribambelle de trains. Pas d’attente dans les gares, des correspondances à l’heure, des trains toutes les 1/2 heures. Un jeu d’enfant.
À peine passe-t-il la frontière française que son voyage se transforme en parcours du combattant : voies en travaux, trains annulés, gare fermées, prix des billets exorbitants.
Quand enfant il mettait 15h et 31 minutes à rallier Bessèges, il lui faudra aujourd’hui 11 jours et une certaine dose d’acharnement pour arriver au terminus qu’il s’est fixé dans le Gard.
Avec lui nous découvrons non seulement la scandaleuse histoire du démantèlement ferroviaire français, politique à contre-courant des ambitions écologiques actuelles, mais aussi et surtout des paysages à couper le souffle au rythme lent et rassurant des trains de notre enfance.
Une coproduction Tripode Productions – PCT cinéma télévision – France Télévisions, Avec la participation de Public Sénat et de la RTS Radio Télévision Suisse
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Manuel Lobmaier, auteur et réalisateur du film
Chaque été, avec mes parents, mon frère et ma soeur, nous prenions le train de Suisse, pour arriver à Bessèges, la petite ville cévenole où j’ai passé le temps le plus heureux de mon enfance. Depuis, cette ligne a été fermée. Elle traversait des paysages que j’aimais tant, je me rappelle encore des odeurs de moleskine mélangée aux odeurs de la forêt;
Motivé par mon histoire familiale, animé par la curiosité et le besoin de comprendre, j’ai décidé de rejoindre uniquement par voie ferrée, les Cévennes, comme avant, et de voir les changements.
Pour le Suisse que je suis, né au fond de la Vallée de Conches et habitué à la régularité des trains helvétiques, aux géraniums rouges flamboyants de la gare de mon village, il était absolument déroutant de passer la frontière et de constater le délabrement général du réseau français.
Il est temps de rechercher un sens à cette aventure ferroviaire, comprendre avec obstination ce démantèlement. Se rapprocher des valeurs transmises par mes parents, par leur conscience écologique. Le train était pour eux le symbole d’un monde meilleur, un moyen de transport économique, collectif et écologique.
J’ai la pensée secrète que dans les failles d’un système incohérent peut renaître un monde nouveau.